Le 31 janvier 2021, à l'initiative du réseau d'entraide et de solidarité "Russie-France: secours d'urgence" (https://www.facebook.com/groups/rus.fr.secours), des représentants des associations franco-russes, franco-ukrainiennes, de la communauté russophone de France et leurs partenaires de la société civile française (notamment le Mouvement de la Paiх et FARDA) se sont réunis sur la place de la République à Paris pour exprimer leur indignation face à la violence à l'égard des enfants et adolescents - et pour discuter des mesures que nous pouvons entreprendre ensemble pour lutter contre ce fléau. Aujourd'hui nous publions la déclaration du comité d'organisation du rassemblement et du collectif "Parents et enfants contre la violence" ( https://www.facebook.com/groups/parentsetenfantscontrelaviolence )
Chers amis,
Depuis le 15 janvier, nous sommes tous unis par une douleur commune - la douleur d’un adolescent, Yuriy, et de sa famille. L'agression qui a eu lieu nous a choqués et mobilisés. Heureusement, ces derniers jours ont apporté des nouvelles rassurantes: Yuriy sort progressivement du coma, et même s'il faudra du temps pour qu’il se remettre complètement, la dynamique est positive. Dans ce laps de temps, la police a finalement procédé à des arrestations d'agresseurs présumés. Nous sommes prêts à continuer à apporter le soutien nécessaire au garçon et à sa famille en ce moment difficile et suivrons de près les progrès de l'enquête.
Malheureusement, si la situation autour de l'attaque dont Yuriy a été la victime semble commencer à évoluer dans une direction satisfaisante, la situation générale de la violence envers les adolescents et les enfants reste alarmante. Ce qui s'est passé dans le quartier de Beaugrenelle n'est pas un incident isolé, mais un problème systémique, c’est l’arbre qui cache la forêt.
Selon les informations du Ministère des solidarités et de la santé, en France :
■ En 2018, plus de 52 000 enfants ont été victimes de violences, mauvais traitements ou abandons.
■ Le harcèlement à l’école toucherait près de 700 000 élèves entre le CE2 et le lycée, soit 9% des enfants et adolescents dans les établissements scolaires. Parmi eux, la moitié serait victime d’une forme sévère de harcèlement.
■D’autres formes de violences touchent les enfants au quotidien. 51% des adolescents de 15 à 17 ans déclarent avoir déjà surfé sur un site pornographique en 2017. Ils étaient 37 % en 2013. Selon les estimations, plus de 8000 enfants seraient victimes d’exploitation sexuelle, le plus souvent des jeunes filles entre 13 et 16 ans.
Or, les violences dont sont victimes les enfants restent insuffisamment dénoncées et connues. Ainsi, selon l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), sur la période 2008-2015, seules 13 % des personnes se déclarant victimes de viol ont déposé plainte (on peut estimer que chaque année, plus de 130 000 filles et 35 000 garçons subissent des viols ou des tentatives de viols).
Ces derniers mois l’épidémie et le confinement ont sérieusement augmenté la violence vis-à-vis des mineurs. A titre d'exemple, du 13 au 19 avril 2020, plus de 14 500 appels ont été reçus par le 119, service national d’accueil téléphonique pour l’enfance en danger (SNATED), soit une augmentation de 89% du nombre d’appels par rapport à l’année 2019 sur la même période.
Or, on connait les effets délétères et durables de la violence faite aux enfants, son incidence non seulement sur les individus eux-mêmes mais aussi sur la société toute entière, puisqu’une violence dans l’enfance peut se répéter si le cercle de cette reproduction n’est pas brisé (nous citons ici ADRIEN TAQUET Secrétaire d’État auprès de la ministre de la Santé et des Solidarités).
En laissant les enfants en danger, en laissant de la place à la violence contre et parmi les jeunes nous sapons les bases de notre propre société présente et future.
Pour nous il est temps de nous engager contre ce danger et de passer de la dénonciation ponctuelle des agressions à une action résolue et continue dans le temps.
La mobilisation de tous les acteurs de la société contre la violence devient une urgence et est la condition nécessaire au changement. Notre communauté est elle aussi touchée par ce fléau et ses conséquences. Cette tragédie nous a unis dans la volonté de mettre fin à la violence contre les enfants. Ici se sont réunis des Français, des Ukrainiens, des Russes, des Biélorusses, des représentants de nombreuses autres nationalités. Nous sommes fiers qu’autour de nous il y ait tant de gens qui s’engagent face au malheur des autres, au-delà de nos différences et dissensions politiques. Ensemble, il nous sera plus facile de stopper cet engrenage et d’amorcer un cercle vertueux. Dans le cadre de l’application de mesures de quarantaine à travers le monde et en France, la situation financière des personnes vulnérables s'est dégradée, et l'état psychologique de beaucoup est aujourd'hui grandement affecté par l'isolement, la perte de travail, la peur de l'avenir. Ces problèmes n’ont pas de « couleur » ni de « nationalité », ce sont nos problèmes à tous ! Abandonnons la rhétorique des amis ou des ennemis. Cela ne nous mènera pas vers un avenir meilleur, mais ne fera qu’exacerber les conflits déjà aigus. Nous proposons une autre voie - la voie de l'élaboration conjointe de solutions à des problèmes urgents. Notre aide est nécessaire de toute urgence auprès des personnes fragilisées et vulnérables qui nous entourent. Dans la communauté russophone, ce travail est mené par le réseau "Russie-France: secours d’urgence", par des activistes des projets sociaux et par le Conseil de Coordination des Russes en France. Rejoignez-nous.
Beaucoup d'entre nous ont eu peur pour eux-mêmes et leurs proches. Nous partageons cette peur: nous voulons vivre paisiblement, travailler, marcher sereinement dans nos rues préférées, sans tenir un sac contre notre cœur, sans avoir une bombe lacrymogène dans notre poche et sans appeler nos enfants toutes les demi-heures pour nous assurer qu’ils sont en sécurité. Cette année les problèmes de violence de la société française, déjà existants, se sont exacerbés. C’est la société qui nous a accueillis, que nous aimons, que beaucoup d’entre nous ont choisie comme patrie de cœur - par choix personnel et non par droit de naissance. Cette patrie dans laquelle nous vivons a besoin de notre soutien constructif et de notre participation. La tragédie qui s'est produite dans le 15e arrondissement de Paris doit être la dernière goutte qui a fait déborder le vase. Nous devons dire notre «non» ferme à l'agression, à la violence, qui se répand dans tout le pays, sans épargner nos enfants. Nos enfants ont droit à une vie paisible et nous devons la protéger pacifiquement avec toutes les personnes de bonne volonté.
Que faire? Tout d'abord, nous aimerions vous demander de commencer par votre propre famille - demandez à vos enfants s'ils sont victimes d'intimidation ou d'abus à l'école ou dans le quartier. Est-ce qu'ils voient des scènes similaires autour d'eux. La petite violence ne doit pas devenir monnaie courante aux yeux de nos enfants.Nous exhortons nos compatriotes et nos amis également à prêter attention au travail des structures associatives et de l’Etat protégeant les enfants et les adolescents et à coopérer plus activement avec ces structures. Dans un premier temps, vous pouvez commencer par contacter des associations de quartier pour les enfants et les jeunes, vous impliquer dans les travaux des associations de parents de l'école et contacter le Service National d'Accueil Téléphonique de l'Enfance en Danger (7 jours sur 7, 24 heures sur 24, appel gratuit), qui peut vous guider en cas de problème.
Nous estimons qu'il est nécessaire d'exprimer nos exigences en matière de politique publique. En France, il y a des jeunesses en difficulté, «abandonnées». L'Etat devrait renforcer la politique sociale, allouer plus de fonds pour la socialisation et l’éducation, pour le travail psychologique et éducatif avec les familles en situation difficile, pour aider les quartiers «difficiles» en général. Nous proposons d'impliquer les associations de parents, les organisations professionnelles d'enseignants, les organisations anti-violence, les mouvements pacifistes, les autorités locales, les leaders d'opinion religieux et laïques. Nous pensons qu'il est nécessaire de contacter des associations travaillant avec des adolescents en difficulté issus de zones «en difficulté» pour recueillir leur avis sur la manière de travailler ensemble pour améliorer la situation et les soutenir dans leur travail. Ces associations ont besoin de notre aide, alors fournissons-la!
Pour une mise en œuvre plus efficace de ces objectifs dans la communauté russophone, nous créons un collectif «Parents et enfants contre la violence» https://www.facebook.com/groups/parentsetenfantscontrelaviolence/ pour surveiller les situations de violence, d'agression, de harcèlement contre les enfants et les adolescents dans la communauté russophone de France mais aussi en dehors de ses rangs, en coopération avec les structures de la société civile et de l’Etat français et avec tous les gens de bonne volonté. Nous bénéficierons sans aucun doute de l'expérience de nos collègues et partenaires français - tels que le Mouvement pour la paix et les associations œuvrant pour l'intégration des groupes socialement défavorisés. Ce collectif soutiendra les parents et les enfants victimes de violence, les aidera à protéger leurs droits, attirera l'attention de l'administration, des écoles, des autorités sur ces problèmes. Nous appelons tous ceux qui se sentent responsables de la sécurité et de l'avenir de nos enfants à contribuer au développement de ce projet.
Réunissons-nous pour protéger nos enfants et pour construire ensemble avec eux une société du respect de chacun, humaniste et sans violence.
Pour le comité d'organisation du meeting et le collectif "Parents et enfats contre la violence":
Vladimir Arhipov, producteur, président de la société "Vladimir events" (Paris)
Natalia Buryka, sociologue (Grenoble)
Gueorgui Chepelev, enseignant, coordinateur du réseau "Russie-France: secours d'urgence" (Paris)
Tatiana Legrand, journaliste, community manager (Antibes)
Natalia Nikitina, présidente de l'association "Amicale franco-russe" (Réunion)
Irina Shilobreeva, ingénieur d'études à l'Institut de Physique du Globe (Paris)
Pour en savoir plus et pour nous contacter:
Коллектив "Parents et enfants contre la violence / Родители и дети против насилия" https://www.facebook.com/groups/parentsetenfantscontrelaviolence
Сеть солидарности и взаимопомощи "Россия-Франция: скорая помощь" https://www.facebook.com/groups/rus.fr.secours
Mouvement de la Paix: https://www.mvtpaix.org
Service national de l'Accueil téléphonique de l'Enfance en Danger. https://www.allo119.gouv.fr
Официальная информация французского правительства: