Auteur: Collectif des Étudiants Français en Russie. Contact: Этот адрес электронной почты защищён от спам-ботов. У вас должен быть включен JavaScript для просмотра..
Au cours de ces dernières années, de nombreux jeunes Français ont fait le choix de réaliser leurs études en Fédération de Russie. Qu’ils étudient dans les domaines scientifiques, culturels ou diplomatique, ils ont pour point commun d’être Français et de s’instruire dans leurs disciplines par la langue et la culture russes. S’ils ont des profils et des âges variés, ils sont tous animés d’une volonté forte, de désirs similaires et partagent des intérêts communs. C’est pourquoi un certain nombre d’entre eux ont pris l’initiative de se rassembler dans le Collectif des Étudiants français en Russie, dans le but de s’entraider et d’échanger autour de leurs expériences singulières.
Alors que la mobilité internationale étudiante française se porte souvent vers les Etats-Unis, l’Allemagne ou la Grande-Bretagne, ces étudiants ont fait un choix fort en se tournant vers la Russie. Ce choix a été guidé aussi bien par intérêt pour la langue et la culture que par l’attrait des particularités propres aux universités et instituts russes. Chaque membre du collectif trouve ou aspire à trouver en Russie une formation de haute qualité, des liens forts et durables qui confirment leur choix et les maintiennent dans la voie qu’ils ont élue.
Dans les domaines culturels, on trouve quelques-uns de ces étudiants français dans les instituts, conservatoires et académies de haut niveau dont la Russie est pourvue. Parmi les membres du collectif, certains furent animés dès leur plus jeune âge par le rêve de rejoindre un jour l'une de ces institutions. Et c’est finalement au prix d’efforts maintenus sur plusieurs années de leur vie qu’ils ont pu remporter les concours d’entrée avec succès. Le niveau académique en Russie des beaux-arts, de la musique ou de la danse exige une discipline à laquelle ces étudiants français se sont dévoués par passion. Du fait de cette dévotion, certains bénéficient des bourses décernées par le Rosstrotroudnichestvo, et grâce à elle, à l’égal de leurs camarades russes, ils ont pu faire progresser leurs disciplines dans le contexte culturel riche de la Russie.
Hugo Martin, Conservatoire Tchaïkovski à Moscou, 3e année Piano : « Pour ma part, je suis parti en Russie pour faire un cursus de 5 ans dans le légendaire conservatoire Tchaïkovski de Moscou en tant que pianiste. Lorsque j’ai été admis là-bas, c’était comme un rêve. J’allais pouvoir suivre des cours avec les meilleurs professeurs de piano au monde, qui à la fois ont été formés par les meilleurs musiciens de leur époque, mais qui forment également aujourd’hui selon moi certains des meilleurs pianistes du monde, avec cette fameuse âme russe, ce respect du texte et du compositeur, mais en même temps cet élan, cette vie et cette personnalité sincère et vraie.
Il faut prendre la mesure de la tâche qu’est celle de ces professeurs : tenter à travers leurs gestes, leur énergie, le chant, l’exemple (en jouant) et les métaphores de nous faire comprendre une œuvre et de nous faire accéder à cette partie de nous qui saura créer un lien entre le compositeur et le public. Voilà la raison pour laquelle j’ai souhaité partir étudier en Russie
« Mais ce pays, ce n’est pas seulement des professeurs investis qui vous poussent et vous soutiennent, la Russie (et notamment ce conservatoire) c’est aussi un cadre unique d’études que l’on ne trouve à ma connaissance nulle part ailleurs où le but de l’enseignement n’est pas seulement de former des pianistes ou des « professionnels du piano » comme dans la plupart des autres pays du monde, mais bien des musiciens, des artistes et même des Hommes instruits et curieux du monde. En effet, nous suivons par exemple des cours en petits groupes d’histoire de l’art, de philosophie, de politique, de droit, et de tant d’autres matières autres que la musique qui font de l’étudiant un citoyen éclairé pour améliorer le monde. L’enseignement musical n’est pas non plus en reste. Sans parler des matières musicales « annexes » (comme l’histoire de la musique), quand en France l’enseignement prévoit 2h de cours individuels de piano hebdomadaire, le conservatoire en dispense 4. Les instruments pour travailler et recevoir nos leçons sur place sont parmi les meilleurs qui existent sur le marché, nous pouvons écouter en moyenne 4 concerts par jour au conservatoire gratuitement, nous nous produisons régulièrement sur les différentes scènes du conservatoire, tant en piano solo, en musique de chambre (petit groupe d’instrumentistes) qu’avec des chanteurs. Bref, je pourrais parler des heures de ce rêve que je vis depuis deux ans, des tableaux accrochés des plus illustres pianistes ayant été au conservatoire, du soutien et de la bienveillance du corps professoral dans son ensemble, des liens d’amitié solides qui se sont créés, de la compréhension de ce qu’est la fraternité, des expériences riches et inoubliables, etc. »
Jeanne Bouvier, École chorégraphique d’Etat de Perm : « J’ai 16 ans et j’étudie en Russie depuis un an. Je suis partie de chez moi très jeune pour assouvir ma passion et j’ai beaucoup travaillé pour en arriver là. Étudier en Russie a toujours été un rêve. Nous savons tous que le ballet russe est le meilleur au monde et avoir la chance d’étudier dans une si prestigieuse école est une grande opportunité pour ma future carrière de danseuse et j’aimerais continuer à poursuivre ce rêve. »
Simon Joly, Institut Surikov de Moscou: " Étudier la peinture à l’huile en Russie fut pour moi un rêve construit sur de nombreuses années. Accompagné de l’admiration des grands peintres russes, j’ai voué les dernières années ma vie à rejoindre l’institut Répine puis l’institut Surikov. Les exigences académiques que l’on trouve en Russie n’ont pas de comparable en France. L’essentiel du système académique est le travail d’après modèle vivant à la lumière naturelle. Les nombreux modèles anatomiques dont les instituts sont pourvus permettent une étude approfondie de la forme humaine. Au sein de l’académie, ces études de la forme et de la couleur se déploient sur de très grandes toiles. Le travail de ces compositions est le résultat d’un processus de dialogue avec les professeurs, d’un travail soutenu qui concentre de longues années d’apprentissages du maniement du pinceau et du crayon. »
Outre le domaine culturel, c’est aussi dans les domaines scientifiques que l’on retrouve certains des membres du collectif. Les nombreuses coopérations scientifiques entre la France et la Russie devenues aujourd’hui historiques engendrent une mobilité étudiante importante entre nos deux pays. Si de nombreux jeunes russes contribuent au développement de la science dans différents pôles scientifiques français, la Russie accueille également de nombreux étudiants français au sein de ses universités et instituts de recherche de notoriété internationale. Dans les cités scientifiques russes, ces étudiants français ont pu trouver une dynamique de recherche exigeante qui pousse aux découvertes et à la connaissance tout en nouant de fortes affinités avec un pays qui les a formé. Grâce aux savoirs qu’ils ont pu acquérir et voudraient continuer d’acquérir, ils aspirent à contribuer aux développements scientifiques de nos deux pays et a participer aux avancés technologiques qui permettront de relever dans l’avenir de nombreux défis du monde présent.
Alexandre Senninger Institut Sobolev, Novossibirsk, 2e année de doctorat de mathématiques: « Je m’étais déjà rendu à Akademgorodok il y a cinq ans, dans le cadre de mes études d’ingénieurs. Cette expérience m’a profondément marquée. Elle représente mon premier sentiment d’épanouissement où j’ai pu pénétrer dans le monde de la recherche mathématique. J’y ai rencontré des gens d’une sincère bienveillance, tous désireux de m’aider et de m’accompagner dans cette aventure.
C’est sans hésitation que plus tard, mes études d’ingénieurs achevées, je pris la décision de retourner à Akademgorodok. J’y connais depuis septembre 2019 avec le début de ma thèse une exigence qui me pousse chaque jour à me dépasser. »
Nika Beriachvili, Université technique d’État Bauman à Moscou, 1ère année de master en informatique et mathématiques appliquées: « Je suis un russophone arrivé en France à l'âge de 5 ans. En tant que Français et Russe de culture, je crois fermement à l'intérêt mutuel et l'importance de la collaboration entre nos deux pays pour le monde de demain.
Étant étudiant dans une des écoles du Groupe des Ecoles Centrales, réputé en France et dans le monde, ainsi qu'à l'Université Bauman, également reconnue dans le monde entier et très proche des milieux industriels et scientifiques russes les plus influents, je suis conscient d'avoir accès à une formation privilégiée qui me permettra de travailler pour les meilleurs intérêts des deux nations.
Quand j'ai su que j'avais la possibilité de passer deux années à l'université Bauman, je n'ai pas hésité une seconde. En effet, cet établissement représente parfaitement la spécificité de l'enseignement scientifique en Russie, caractérisé par une intégration renforcée de la théorie et de la pratique, tandis que ma formation française met davantage l'accent sur la théorie.
Ainsi, j'espère en perspective développer où participer à des activités scientifiques ou industrielles innovantes et stratégiques pour les deux pays, à une heure où un besoin fort en jeunes cadres motivés et compétents se fait ressentir à la fois en Russie et en France. »
C’est aussi dans les domaines des sciences humaines que de nombreux jeunes français se sont engagés en Russie. Certaines universités russes et françaises permettent des doubles diplômes et ouvrent ainsi la voie à de nombreux étudiants français qui souhaiteraient approfondir les langues slaves. L’apprentissage de cette langue riche qu’est le russe est un défi pour de nombreux Français. C’est pourquoi certains des membres aspirent à devenir des spécialistes, esquissant ainsi de futurs professeurs et traducteurs qui pourraient contribuer à faciliter les dialogues et les échanges futurs entre la France et la Russie.
Margot Cobat, Étudiante en Master de recherche linguistique à HSE: « Je poursuis actuellement des recherches dans le domaine de l’acquisition du langage. Mon travail de recherche est centré sur l’acquisition du russe en tant que langue étrangère par des francophones. Cependant, le russe n’étant pas une langue jouissant d’une forte popularité auprès des apprenants en France, la constitution de mon corpus d’étude se révèle être laborieuse. C’est ainsi la raison pour laquelle j’avais décidé d’intégrer la HSE (Higher School of Economics) pour la seconde année de mon diplôme. Étudier à Moscou même me permettrait de solliciter un nombre d’apprenants bien plus important pour la constitution de mon corpus. Je pourrais également bénéficier de l’expertise des enseignants de cette université mondialement renommée dans le domaine de la linguistique. »
Laora Malet, Sciences Po Paris, Etudiante en échange au MGIMO: « L’année dernière, j’ai fait le choix de partir étudier au MGIMO, pour compléter mon apprentissage à Sciences Po. Alors que nous avions le choix avec tous les pays du monde, j’ai choisi le MGIMO et la Russie pour leur caractère unique. J’avais l’opportunité de passer un an à l’étranger : cette année serait l’occasion de découvertes et d’apprentissage intensif de la culture russe et de la langue russe. Cependant, la situation sanitaire en a décidé autrement : comme beaucoup de mes camarades l’année « à l’étranger » se déroule derrière mon ordinateur. Alors que cette année représentait pour moi une réelle opportunité, à la fois personnellement mais aussi et surtout professionnellement, mes projets s’en trouvent avortés. Souhaitant travailler dans les relations internationales, la maîtrise du russe est un réel atout. Bien que les cours de russe dispensés au MGIMO soient d’excellente qualité, et que des progrès aient été effectués, les cours en ligne et l’immersion de fait inexistante constituent un important manque à gagner. Plus que du tourisme, il s’agit d’une réelle nécessité de développer des liens avec la Russie, pour passer au-delà des clichés occidentaux. Dans ce domaine, le temps perdu n’est rattrapable que très difficilement. »
Lucie Philip, Université d’État Russe des sciences humaine de Moscou, étudiante en première année de doctorat de philologie russe: « Je vis à Moscou depuis 3 ans et je suis diplômée d’un master en philologie russe à l’Institut d’État de langue russe Pouchkine de Moscou. Récemment, je suis entrée en doctorat de philologie russe à l'Université d'État russe pour les sciences humaines de Moscou. J'ai décidé de venir étudier en Russie pour apprendre le russe et m’immerger dans la culture russe. Mon but est de développer et de renforcer les relations amicales et culturelles entre nos deux pays. En Russie j'ai participé à différents projets culturels, joué dans un théâtre russe à Moscou en langues russe et française. J’ai eu la possibilité de participer à divers forums internationaux dans différentes villes de Russie où je me suis liée d'amitié avec des personnes de toute la Russie, notamment du Daghestan et de la Sibérie. En faisant connaissance avec les Russes, j'ai appris sur leur histoire et sur la diversité de leurs régions. Rossotrudnichestvo m'a aidé à réaliser mon projet créatif et étudiant. L'Institut Pouchkine a contribué à la connaissance de la langue et de la littérature russe, notamment par l’accès gratuit aux livres, et grâce aux excursions dans les musées et théâtres de Moscou. Dans cet institut en tant qu’étudiants apprenant le russe, nous avons pu participer à plusieurs concours de poésie ainsi qu’à différentes conférences littéraires sur la diffusion de la langue russe dans le monde. En Russie j'ai réalisé que les traditions ont une signification profonde auxquelles les Russes donnent vie et sens avec leur âme. »
Que ce soit dans les domaines de la culture ou des sciences, ces jeunes Français membres de collectifs, sont engagés dans la voie d’un rapprochement avec la Russie. Ils y ont trouvé une formation de haut niveau, et un bain culturel propice au progrès, esquissant ainsi de nombreux partenariats d’avenir, et annoncent un enrichissement mutuel de nos deux nations.
Note de la rédaction: actuellement, un grand nombre d’entre eux ne peuvent accéder au territoire russe du fait de la fermeture des frontières, et ne peuvent mener à bien leurs projets et leurs passions. Souhaitons-leur la résolution rapide de ce problème.