Seul sur Mars, un film qu’on peut ne pas aller voir, pour suivre la classification laconique mais efficace du Canard enchainé.
Par quoi commencer ?
Laissé pour mort par les autres membres de son équipage, le héros doit survivre seul sur la planète rouge et ne devra son salut qu’à sa ténacité, son inventivité, la solidarité de ses compagnons et …la collaboration avec l’agence spatiale chinoise. Après un début en fanfare, le film s’installe dans un rythme mollasson sans aucun suspense, même dans la scène finale - la plus haletante du film ? - de la récupération du personnage principal, que je peine à nommer, son prénom étant déjà oublié aussitôt sorti de la salle (et pourtant, on le voit signer deux fois des messages qu’il entend laisser à la postérité).
Le fait est que le spectateur n’a pas l’occasion d’éprouver ne serait-ce qu’un début d’empathie pour lui : le personnage n’a pas de substance, pas de sentiments autres que « la ténacité et l’inventivité viendront au bout de tout », pas de questionnement sur le huis-clos vécu, pas d’angoisses existentielles. Le soleil brille, les décors son admirables et dépourvus de caractéristiques angoissantes (à la différence d’autres films de Ridley Scott, comme par exemple Blade Runner, Alien).
Les questionnements sont évacués en quelques bonnes blagues de potache (ah cet humour viril qui masquerait une émotion réelle, comme lors du premier échange avec les membres de son équipage qui l’ont laissé pour mort), noyés dans une bande son disco/happy days.
C’est un film « à la surface ». Filmé en 3D.
Serait-il possible qu’un étalage de telles platitudes truffé de références musicales (et visuelle «Fonzie ») aux optimistes et glorieuses années de la défunte conquête spatiale/ société américaine, soit là pour amener une réflexion critique sur l’état de celles-ci ?
Serait-il possible que nous soyons en présence d’un humour férocement cinquantième degré et cynique, qui m’aurait échappé, une critique subtile des USA, qui ne compterait plus de «cerveaux » (une réplique du film fait penser à Idiocracy) mis à part celui du héros et ceux des chinois aussi bien américains que de Chine ?
J’ai comme un doute, serait-il possible que la tendance à l’optimisme naïf du film m’ait influencé ? OUI !
L’impression générale qu’il laisse est celle d'une ode à la conquête spatiale, par la Nasa, qui, dans un monde imaginaire, aurait eu les moyens de continuer à faire des vols habités. Une ode à la collaboration transparente avec la seule autre puissance spatiale de ce monde imaginaire : vous avez bien sûr reconnu….la Chine.
J’attendais un minimum de grand spectacle qui me tienne en haleine, je n’ai eu qu’un épisode de Mac Gyver sur Mars, saupoudré de « Gloire à la grande Nasa et à son partenariat avec l’agence spatiale chinoise ».