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Élections présidentielles en Moldavie : un président pro-russe à la tête du pays ?

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Le 13 novembre 2016, en Moldavie, Igor Dodon, Président du Parti socialiste de Moldavie et pro-russe, a remporté la victoire avec 56,5 % sur sa rivale, Maïa Sandu (42 % des suffrages), pro-Européenne, ancienne ministre de l’Éducation, ancienne conseillère du Directeur de la Banque Mondiale à Washington et favorable à l'entrée de la Moldavie dans l'Union européenne.
Bien que les pouvoirs du président soient limités, cette élection étant la première au suffrage universel depuis vingt ans (auparavant il était élu au scrutin parlementaire), elle accorde donc une légitimité nouvelle au candidat élu.
C’est cependant une élection à forte abstention, en effet, au premier tour, seuls 49 % des votants se sont rendus aux urnes et seuls 10 % des jeunes (qui sont plutôt favorables à Maïa Sandu et qui se sont plus déplacés au second tour).
Les deux candidats ont dénoncé des fraudes, et Maïa Sandu le manque de bulletins disponibles pour les nombreux électeurs de la diaspora, censés lui être plus favorables.


Igor Dodon avait déjà obtenu 47 % des suffrages au premier tour. Ce chiffre élevé est la conséquence de l’absence de confiance des électeurs moldave envers le gouvernement, extrêmement corrompu de ce petit pays (de 3 millions et demi d’habitants) le plus pauvre d’Europe (40 % de la population vit avec moins de 5 dollars par jour). En effet, l’an passé il s’était avéré qu’un milliard de dollars- soit l‘équivalent de 15 % du PIB - avaient disparus des caisses de trois banques.
Maïa Sandu était la candidate unique de trois partis – le parti « Action et Solidarité », la plateforme « Dignité et Vérité », et le parti Libéral-Démocrate.maia sandu elections moldavie Elle était partisane d’un rapprochement avec l’Union européenne, qui de son avis aurait facilité les réformes, et avait fait de la lutte contre la corruption et la pauvreté, les priorités de son programme. Elle était officiellement soutenue par le Parti Populaire Européen (PPE), qui reste aujourd’hui le premier parti politique européen au sein de l’Union européenne. Elle est connue pour sa probité et avait participé aux protestations anti-gouvernementales de 2015, ce qui peut expliquer le soutien peu appuyé qu’elle a reçu du le soutien de la part du gouvernement pro-européen qui a accordé aux oligarques le contrôle de bien des instituions (notamment la justice), contribuant à décrédibiliser les idées des partis pro-européens. Certains observateurs estiment que ces partis et oligarques pourraient utiliser « l’épouvantail » de la menace russe pour se proposer en unique recours et éviter d’aborder les sujets de la corruption et des privations-prédation.
Igor Dodon, un vétéran de la politique, ancien ministre de l’Économie et du Commerce, se distingue par ses idées très marquées à gauche. Il est un des  igor dodon elections moldavieleaders du mouvement anti-privatisation en Moldavie. En outre, il s'oppose à l'adhésion de son pays à l'Union européenne (il a commencé sa carrière en soutenant le rapprochement de la Moldavie avec celle-ci) et a promis de convoquer un référendum qui pourrait mener à la renégociation de l'accord d’association signé en 2013 et en vigueur depuis 2014 entre cette dernière et la Moldavie, qui a eu pour conséquence de réduire considérablement les exportations vers la Russie. Il a déclaré : « C’est dans l’intérêt de la Moldavie d’avoir des relations proches avec la Russie, mais surtout avec son marché ».
Il est surnommé « le Donald Trump moldave » par ses adversaires, à cause de certaines de ses déclarations et positionnements populistes au cours de la campagne. Il a déclaré que l’annexion de la Crimée par la Russie était légitime (ce qui lui a valu d’être déclaré persona non grata en Ukraine par un groupe de députés ukrainiens).

Il a déclaré vouloir défendre les « valeurs traditionnelles » et ses adversaires l’accusent d’avoir bénéficié du soutien d’oligarques, des médias, et de l’Église orthodoxe.
Jusqu’à présent la Moldavie était considérée comme le « meilleur élève » du partenariat oriental, elle avait largement bénéficié des fonds européens - plus de 800 millions d’euros pour la seule période 2010-2015. Cependant les pro-européens autrefois largement majoritaires sont aujourd’hui en minorité.

Affaire à suivre donc !

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