Nous continuons la publication des interventions des participants au rassemblement "Protégeons nos enfants de la violence!" (31.01.2021, place de la République à Paris) et vous présentons Isis Emam, présidente de l'association FARDA (Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.)
Le drame dont a fait l'objet le jeune Yuriy et qui a touché sa famille et la France entière nous a toutes et tous questionné. Nous nous sommes demandé pourquoi une telle violence pouvait advenir à de si jeunes âges. Nous nous sommes questionnés sur la victime, nous nous sommes questionnés sur ses agresseurs. La question des origines de la victime et des agresseurs a, de même, été beaucoup discutée.
Malgré notre émotion, il est toutefois important de ne pas tomber dans l'écueil de la marginalisation de certaines communautés de migrants. Tout essentialisme, qu'il soit biologique ou culturel, est un frein à la paix sociale que nous souhaitons, et nous empêche d'adopter une position réflexive et constructive. Il convient de ne pas catégoriser un individu en raison de ses origines, afin d'éviter toute instrumentalisation.
Malgré une tendance à associer la figure du migrant avec des actes violents, rappelons-nous, qu'au contraire, les personnes en situation de migrations sont plus souvent victimes de violences, toutes violences confondues, notamment en raison de la longue période de précarité qui suit leur arrivée en France (environ six ans de précarité pour les femmes migrantes, et sept ans pour les hommes migrants). Ne rajoutons pas à cette violence aveugle qui nous a émus, de la violence symbolique, en stigmatisant une ou des minorités.
Rappelons-nous que les mères et pères ukrainiens, turcs, arabes, russes s'offusquent de ces mêmes violences que subissent leurs enfants (harcèlement scolaire, violences verbales, physiques, etc.)
N'associons pas le problème complexe de la délinquance juvénile avec une origine, une culture, une couleur de peau. N'essentialisons pas. Il y a tant d'autres facteurs qui méritent notre attention et nos efforts (collectifs, politiques), tels que les difficultés socio-économiques auxquelles sont confrontées un nombre important et grandissant de familles en France, les quartiers dégradés, les logements insalubres, ou encore la ségrégation scolaire.
Rappelons-nous qu'il est possible d'agir, à notre échelle, et ensemble à une échelle plus large. Des solutions collectives peuvent participer au mieux vivre ensemble. Et n'oublions pas que toutes les minorités, quelles qu'elles soient, sont des alliés potentiels pour endiguer les violences et l'insécurité.