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Biographie et présentation de l’étude
Etudiante de Master 1 puis de Master 2, en Urbanisme et Aménagement du territoire (Stratégies, Projets, Mobilités dans les Villes), à Sorbonne Université (Paris 4), j’ai soutenu en décembre 2020, mon mémoire sur le thème peu connu, du mal-logement concernant une vague de migrants en provenance d’Ukraine. Je possède une double nationalité : Russe et Libanaise. Etant venu en France en 2013, afin d’effectuer des études supérieures, je maîtrise 4 langues : le russe, l’arabe, le français et l’anglais. Après avoir effectué deux ans en Grande Ecole d’Architecture à Versailles, où je me découvre une passion pour les arts plastiques et la création artistique, je m’oriente vers des études en Géographie à l’Université Paris 7 Diderot, car je suis également passionnée par les sciences humaines.
En 2018, j’intègre un master en Urbanisme, à Sorbonne Université. A l’issu de mes études, je m’intéresse particulièrement au thème du mal-logement, celle de la dernière vague d'immigré en provenance d’Ukraine, venus en France depuis 2014, suite à une crise économique globale et une instabilité politique dans certaines régions de leur pays d’origine. Afin de mener mon étude sur le mal-logement de ces immigrés, je crée une méthode particulière de recherche basée sur 3 approches principales : socio-historique, institutionnelle, et qualitative.
Dans mon approche d’enquête qualitative, j’utilise des outils spécifiques afin de mener mon étude, tels que les entretiens semi-directifs, les cartes mentales et les récits de vie. Cette approche me permet de repérer les trajectoires individuelles de chacun des enquêtés, au niveau migratoire et résidentiel.
La Méthodologie mise en place et l’utilisation de cartes mentales :
Afin de réaliser mon étude, je mets en place en septembre 2020, une méthodologie personnelle. Je commence par sélectionner par le biais d’un questionnaire rapide mis en place sur les réseaux sociaux, 6 immigrés originaires d’Ukraine, dont la tranche d’âge est comprise entre 30 et 50 ans, arrivés en France entre 2014 et 2016, et qui estiment avoir vécu dans un logement en mauvais état, nuisible pour la santé, présentant un manque de confort et de sécurité. J’opte dans mon enquête pour une piste affinitaire, et une relation de confiance que j’établis lors de mes entretiens avec les personnes sélectionnés. Grâce aux entretiens qualitatifs approfondis réalisés et aux récits de vie, je réussis à tracer les parcours migratoires et résidentiels, des immigrés Ukrainiens, sur le territoire Français.
Ensuite, je demande aux personnes ayant participé à mon étude de réaliser des cartes mentales de leurs espaces d’habitation, sous forme de plans et schémas spontanés. J’établis alors un diagnostic de logement d’ordre professionnel en me basant sur ces cartes mentales purement subjectives, donnant ainsi un poids règlementaire à la perception personnelle de l’espace des occupants de ces logements insalubres. De cette manière, je prends en compte et valorise le ressenti propre des immigrés Ukrainiens, en ce qui concerne leurs lieux d’habitation.
Les résultats de recherche
L’ensemble des immigrés Ukrainiens ayant participés à cette étude, se sont avérés avoir déménagés plusieurs fois depuis leur arrivée en France. Fréquemment hébergés les premiers temps chez des compatriotes, dans des habitats en état de suroccupation, ces personnes ont par la suite déménagé seuls, ou avec des membres de leurs familles dans des logements qu’ils ont loués le plus souvent de manière illégale.
Grâce à un réseau de connaissances établi à partir de la communauté Ukrainienne en Ile-de-France, les immigrés « pauvres » parviennent à déménager, mais sont souvent en situation de précarité à plusieurs niveaux (au niveau de l’emploi, au niveau légal, au niveau économique et au niveau linguistique), ces personnes deviennent la cible de marchands de sommeils, ces derniers étant des bailleurs qui louent, aux personnes en difficulté, un logement en mauvais état, et ceci de manière illégale et pour un loyer très élevé.
Ceci explique la vulnérabilité des immigrés issus de pays en difficultés économiques et politiques, face au mal-logement.
Ainsi, les 6 personnes ayant participés à cette étude, se sont avérés avoir déménagés 4 ou 5 fois depuis leur arrivée en France. Aussi, l’ensemble de ces personnes ont été victimes de mal-logement sur le territoire d’étude (la petite couronne parisienne).
J’ai réussi à diagnostiquer grâce aux cartes mentales des logements, représentés par les interrogés, mais aussi grâce aux témoignages de ces personnes, 6 logements, en me basant sur des normes de salubrité indiquées dans une fiche règlementaire d’aide au diagnostic Habitat, une fiche établie par l’Agence Régionale de Santé d’Ile-de-France. L’ensemble des logements occupés par ces personnes durant un certain temps, s'est avéré être, selon mes estimations dans un état d’insalubrité telle qu’il était nocif pour la santé et pour la sécurité des occupants.
Ayant été mal-logés sur une période de plusieurs années pour certains, les immigrés originaires d’Ukraine, ayant participés à mon étude, ont tous développés des problèmes de santé au niveau physique (souvent des difficultés respiratoires dus à l’humidité, à la moisissure, à une absence en système de chauffage au niveau du logement etc…), mais aussi des problèmes de santé au niveau mental, caractérisés surtout par un renfort de sentiment chronique d’angoisse lié à l’immigration et aux difficultés d’intégration.
Aussi, après être rentrés de façon légale sur le territoire français, les immigrés originaires d’Ukraine se retrouvent souvent, une fois leur papiers expirés, en situation précaire, au niveau juridique (ils sont sans-papiers), ce qui les rend encore plus vulnérables face au mal-logement, mais aussi face à la précarité économique, dont il devient quasi impossible de sortir, puisque ces personnes, ne pouvant pas accéder au marché légal de logement et de l’emploi, sont contraints à louer de manière illégale un appartement, mais aussi de travailler « au noir » sans couverture de l’Etat.
Les immigrés économiques et politiques originaires d’Ukraine, se renferment alors dans un cercle vicieux, puisque, contraints à quitter leur pays d’origine suite à des difficultés économiques et politiques subies, ils sont confrontés à d’autres difficultés dans le pays d’accueil : des difficultés caractérisées surtout par un mal-logement et par la contrainte de devoir supporter des conditions d’habitation indignes. De nouvelles précarités se créent, notamment au niveau de la santé de ces personnes, ce qui contribue à renforcer les anciennes précarités. Sortir du mal-logement, mais aussi acquérir une stabilité au niveau résidentiel et de l’emploi, devient alors quasi impossible pour ces personnes coincées dans un cercle infernal.
Or, accéder à un logement décent est tout simplement un droit humain. Comment donc résoudre le problème de mal-logement des immigrés politiques et économiques Ukrainiens ?
Afin de tenter de résoudre le problème de ces personnes, souvent « invisibles » suite à leur situation de pauvreté et d’illégalité, il est primordial d’en parler sans tabou et de mettre au grand jour la situation de ces immigrés, grâce à une exposition de cartes mentales de logement réalisés par les personnes concernées.
Exposer des cartes mentales représentants une vision intime sur un regard porté au niveau de son propre espace d’habitation, des cartes mentales réalisés par une vingtaine de volontaires Ukrainiens, voulant participer à cette étude scientifique, rendra plus visible la souffrance de ces personnes muets et invisibles, non seulement aux yeux de la diaspora russophone à Paris et en IDF, mais aussi sur un niveau politique et institutionnel plus large. Car comprendre la souffrance d’autrui, constitue un premier pas vers une démarche d’aide.
Cela peut permettre de contribuer de manière opérationnelle à la lutte contre le mal-logement des immigrés originaires d’Ukraine en particulier, et éventuellement, à une lutte contre le mal-logement des immigrés précaires d’autres profils. De manière plus générale il est indispensable de se battre pour une résorption de l’habitat insalubre et dégradant.
Un engagement dans la lutte contre le mal-logement des immigrés, et notamment des immigrés russophones
Convaincue qu’accéder à un logement décent et confortable est un droit humain, et inspirée par les résultats obtenus lors de mon étude scientifique, je décide de m’engager dans une lutte contre le mal-logement des immigrés pauvres. Je souhaite réaliser, dans un futur proche, un film documentaire sur le parcours migratoire et résidentiel des immigrés Ukrainiens, à Paris et en IDF. Afin de développer mon projet, je veux également proposer à un grand nombre de migrants originaires d’Ukraine, qui estiment vivre dans des conditions difficiles à Paris et en Ile-de-France, de représenter leurs espaces d’habitation sous forme de cartes mentales. Je pourrai ainsi exposer ces cartes, réalisant « une exposition scientifique », ayant pour but de partager une vision intime des immigrés, sur leur habitat souvent précaire. Je compte également, à m’engager dans du bénévolat, afin de contribuer au soutien d’immigrés en situation de pauvreté et /ou d’isolement.